Mathieu Glorian – Paysan-Malteur-Brasseur – Pas-de-Calais

C’est en croisant la route de François Théry, agriculteur en polyculture bio à Gavrelle, près d’Arras, en recherche d’un successeur pour sa ferme, que Mathieu Glorian fait germer la petite graine logée dans un coin de son esprit : s’installer paysan-brasseur, avec la volonté de produire son malt sur place pour une bière bio 100% terroir, une démarche unique en région Hauts-de-France.

Etapes clés

2010 : 1ères réflexions pour une installation-transmission progressive sur la ferme de François Théry qui cultive 52 hectares de terres en AB depuis 2000.

2014 : Lancement de la micro-brasserie-malterie.

2016 : Installation à titre principal.

Un projet d’installation qui rencontre un projet de transmission

Des idées, des convictions, une rencontre et un projet de brasserie qui voit le jour en couveuse dès 2014… L’aventure est réfléchie à deux, portée par Mathieu, non issu du milieu agricole, et François, qui prépare la transmission de sa ferme : « J’ai souhaité très tôt aller dans le concret ! Mes études, plusieurs stages et mon expérience en tant qu’animateur à la Confédération Paysanne ont nourri mon désir de devenir paysan, en bio évidemment. Ma rencontre avec François, qui cherchait un repreneur, m’a offert la possibilité de construire mon projet en m’installant sur sa ferme, tout en le testant progressivement. »

Les discussions avec François lui permettent de peaufiner sa démarche, même si celui-ci n’intervient pas directement dans le projet, car son cheminement à lui est bien de « lâcher prise » et de préparer sa transmission : « L’accueil de François m’a permis de me lancer sans prendre de risques. Cette opportunité n’est pas une exception, des agriculteurs réfléchissent à accueillir un futur repreneur, il faut fréquenter des paysans, des réseaux de développement agricole, provoquer des rencontres. Et en France, les dispositifs d’aides sont nombreux, ils permettent de se tester sur la durée, c’est indispensable. » Le climat de confiance s’installe, François et Mathieu se mettent d’accord sur le partage des infrastructures, l’assolement, le prêt du matériel, le montant des reprises… « Les compromis sont à trouver pour que tout concorde et que nos activités cohabitent correctement, sans empiéter sur l’espace de l’autre. Les discussions sont indispensables pour que l’organisation fonctionne. Avec le développement des volumes ces dernières années, je loue également un espace de stockage sur la commune voisine, en complément ».

Une installation progressive pour produire une bière 100 % bio et locale

De 60 hectolitres de bière en 2014, Mathieu est passé à 500 hectolitres en 2020. Il produit ses ingrédients de A à Z, malgré les contraintes que cela peut engendrer « car faire soi-même le malt est une particularité qui prend énormément de temps, mais j’y tiens absolument ! Je m’approvisionne en houblon bio régional et j’intègre désormais, dans presque toutes mes bières, le sirop de betteraves bio local issu de la filière alternative initiée par Bio en Hauts-de-France ».

Cette année, il passe le cap de l’embauche : « L’activité se développe et j’ai besoin de quelqu’un à temps complet sur la partie brasserie, un contrat en alternance vient également renforcer l’équipe, cela me permettra d’être plus disponible pour les cultures ». Mathieu mène quelques expérimentations sur des variétés anciennes d’orge de printemps, dans l’optique de travailler avec une matière première plus riche en protéines : « Je teste actuellement deux variétés sur 80 ares, on verra le résultat dans la fabrication de la bière en 2021 ».

Quelques données

Surface : 4,5 hectares d’orge

Emploi : 2,5 ETP

Vente : en direct, magasins spécialisés, grossistes

Et demain ?

L’avenir de la ferme n’est pas encore déterminé, différentes évolutions sont à l’étude avec la perspective du départ en retraite de François et le projet d’installation de son neveu sur la structure : « Des idées, j’en ai trop, comme introduire un petit élevage sur la ferme, cultiver un peu de houblon, j’aimerais aussi développer l’accueil du public pour expliquer ma vie de paysan-brasseur et mieux valoriser mes produits. »