Alain et Cécile Fleury – Volailles, légumes de plein champ et céréales – Côtes d’Armor

©Matthieu CHANEL (Agrobio 35)

La ferme en quelques mots

  • 1,5 UTH
  • 48 hectares de SAU dont 1,80 ha de parcours extérieur pour les poules
  • 4500 poules pondeuses, céréales et 6 hectares de légumes (filière longue)
  • 80% d’autonomie alimentaire

Quelques dates :

  • 2000 : Démarrage de l’atelier volaille bio et conversion des 13 premiers ha
  • 2008 : toute l’exploitation est en bio

©Matthieu CHANEL (Agrobio 35)

Pourquoi avoir fait le choix de la conversion ?

Avant 2000, je faisais des céréales, des endives et des pommes de terre en conventionnel. Mon système ne dégageait pas beaucoup de revenu. C’est une rencontre qui m’a poussé vers le marché de l’œuf bio pour lequel il y avait une forte demande. J’ai créé un poulailler en 2000 et j’ai commencé à convertir 13 hectares pour l’épandage des fientes. Ensuite, j’ai continué à convertir mes parcelles les unes après les autres. La dernière conversion date de 2008. Toutes mes terres et mon atelier sont aujourd’hui certifiés. Pour passer en bio, le plus gros changement se fait dans la tête. Je faisais déjà des rotations donc au point de vue technique, ça n’a pas trop changé. Mais voir de la folle avoine et des fleurs jaunes dans les parcelles, ça fait toujours mal. Le salissement fait très peur mais on s’aperçoit vite que l’on peut le maîtriser grâce au désherbage mécanique. Je ne regrette vraiment pas ma conversion et j’espère que mon fils continuera en bio.

Êtes-vous satisfait de l’évolution de vos résultats techniques et économiques ?

Je suis tout-à-fait satisfait de mes résultats techniques et économiques. En revanche, je n’ai été aidé que sur les 13 premiers hectares convertis, via la PAC. Pour le reste, je n’ai fait ni CTE, ni CAD et je l’ai senti passer. Aujourd’hui, nous avons retrouvé un niveau de vie que nous avions perdu depuis longtemps. En termes de marges, pour les cultures, nous sommes mieux que ce que nous étions en conventionnel. C’est lié à la baisse des intrants et à une meilleure valorisation des céréales. Je crois aussi qu’il est important de se battre pour la valorisation. C’est sur le prix qu’il faut se battre, pas sur l’argument habituel d’augmentation des rendements. Aujourd’hui, quand je vois que la grande distribution communique sur des prix et des produits bio à 1 euro, c’est effrayant ! Je me dis qu’il y a un problème.

©Matthieu CHANEL (Agrobio 35)

Un conseil pour les candidats à la conversion ?

Il faut essayer de voir et de rencontrer des producteurs sur le terrain. Des producteurs qui sont déjà en bio. Pour voir comment ils font. C’est comme ça que l’on apprend le plus : voir comment les bio travaillent et font. Le suivi qui est proposé par le groupement d’agriculteurs bio de mon département est aussi utile car il permet d’obtenir des conseils. Les techniciens sont un bon relais pour voir ce qui se fait sur le terrain et faire passer la pratique. Il faut aussi accepter qu’il y ait des accidents car on ne peut pas tout maitriser. Ça fait partie des choses qui arrivent en bio. Une fois, j’ai eu une remorque de brocolis refusée car il y avait des chenilles… Et puis, il faut être bricoleur car, en bio, c’est important de pouvoir adapter son matériel.

 

 

Extrait du recueil  « Itinéraires de conversion en Agriculture Biologique », édité par la FRAB Bretagne en 2010.

La maîtrise du désherbage est vraiment importante

La maîtrise du désherbage dans les cultures est vraiment importante. Il y a encore du travail à faire pour faire évoluer les outils de désherbage. La lutte contre les maladies est aussi importante. Il faut aussi envisager que s’il y a une limitation future de la bouillie bordelaise, il va falloir trouver autre chose d’efficace pour les pommes de terre. En général, la protection des cultures est fondamentale et on ne peut pas tout résoudre et tout tester nous-mêmes. C’est là que la recherche et l’expérimentation en bio deviennent importantes et capitales. Pour la maitrise des adventices, j’ai suivi une ou deux sessions de formation et je me suis surtout formé sur le tas en rencontrant d’autres agriculteurs. Je me suis aussi formé sur la herse étrille et la bineuse. Les démonstrations sont très bien pour ça, ça permet de se faire une idée. Ensuite, on essaie par soi-même. Là, je vais essayer, par exemple, le binage sur céréales. Il faut essayer de nouvelles choses. Quand on convertit son exploitation a la bio, on se pose beaucoup de questions et on n’a pas toujours de réponse. C’est pourquoi, les autres agriculteurs ou la présence de bons techniciens sur le terrain sont essentielles. Malheureusement, nous ne sommes pas nombreux en bio sur mon secteur, ce n’est pas facile pour échanger.

©Matthieu CHANEL (Agrobio 35)