Pourquoi et comment sursemer des luzernes au printemps dans les céréales ?

Publié le : 31 mars 2021

Généralement, la luzerne est insérée dans la rotation à chaque fois qu’une parcelle se salit, ou en cas de baisse du potentiel de rendement. Cependant implanter de la luzerne en sursemis est aussi intéressant pour la culture en place et comme culture intermédiaire dans l’assolement.

Avantages de l’association graminée légumineuse
A l’installation, la luzerne ne fixe pas encore d’azote atmosphérique et les deux espèces sont en compétition pour l’azote du sol. Cependant, des complémentarités de morphologies racinaires atténuent cette compétition par rapport aux cultures pures.  Après la mise en place des nodosités, la luzerne puise son azote dans l’air, laissant l’azote du sol à la culture associée. Il y a complémentarité des espèces pour l’utilisation de N.

Pour faire simple, les exsudas (Rhizodéposition) produits par la légumineuse ne sont pas à 100% auto-consommés par elle-même ; en effet environ 15% de l’azote total de la légumineuse à maturité est exporté vers la vie du sol. Cet azote n’est pas disponible directement pour la plante qui est associée mais il a un effet induit sur la vie du sol favorisant les bactéries et donc la minéralisation, on peut alors parler de symbiose entre les graminées et les légumineuses.

 

Avantages de la légumineuse comme culture intermédiaire dans l’assolement :
– permet de disposer d’un complément de fourrage à l’automne en système polycultures-élevage
– permet en rotation céréalière d’augmenter le volume de sol exploré par le système racinaire de la légumineuse et préparer la structure du sol avant l’implantation de la culture suivante.
– en termes de rotation, une luzerne même de courte durée (2 ans) permet de générer de la matière organique sans autre apport d’amendement si, bien sûr, la dernière exploitation est restituée au sol. Cette biomasse permet ainsi d’enrichir le stock de matière organique du sol (MO) et permet de nourrir la culture suivante.

 

La rentabilité de cette technique est mesurée entre-autre par :
– une réduction du salissement et par conséquent une diminution du nombre de binages mécaniques.
– une libération de la disponibilité en eau dans le sol (moins de concurrence et meilleure rétention en eau due à une meilleure structure du sol).
– une réduction des apports azotés à l’échelle de la rotation.
– la possibilité d’autoproduire sa semence ; en effet n’hésitez pas à prévoir dans la rotation une conduite pour la production de graines pour l’autoconsommation. Elle permet d’assurer la dose de semis conseillée souvent supérieure à la norme (exemple en luzerne 30 à 35 Kg au lieu de 25 Kg)
– un maintien des potentiels de rendement de la culture en place (aucune bibliographie ne contredit ce fait).

 

Comment bien maîtriser l’implantation de la luzerne en sursemis de printemps ?
Les semis de printemps sont intéressants pour assurer une levée rapide et régulière mais leurs positionnements peuvent s’avérer très délicats. Il faut Intervenir sur une végétation rase (inférieure à 5 cm) pour que les jeunes pousses aient accès à la lumière.  Il faut trouver un équilibre entre le risque de gel (un jeune semis de luzerne au stade 2 feuilles trifoliées peut être détruit si les températures sont inférieures à -4°C pendant quelques heures) et le risque de destruction par les fortes chaleurs estivales si la légumineuse n’est pas assez développée. La période de semis semble être du 15 Février au 30 Mars pour avoir un sol bien ressuyé, réchauffé. L’inoculation (Rhizobium meliloti) doit être systématique, en particulier dans les sols à tendance acide (pH<6) et ceux qui n’ont pas eu de luzerne depuis plusieurs années. Il facilite l’implantation en développant les nodosités sur les racines de la luzerne. La dose de semis est souvent supérieure de 20 à 25 % par rapport à la norme (enfouissement parfois aléatoire). Comme toute implantation de petite graine, il est conseillé de rouler si le semoir n’a pas une roue pour appuyer juste derrière.

 

Différentes techniques d’implantation en sursemis

Le système D, des solutions également efficaces
Vous pouvez profiter des outils déjà présents sur l’exploitation, comme le semoir à céréales et une herse étrille en association, ils feront parfaitement l’affaire.

Autre solution : installer un distributeur centrifuge de petites graines sur la herse étrille. La répartition des graines reste, il faut bien le reconnaître, assez aléatoire dans ce cas. Dans tous les cas, descendre fréquemment de son tracteur pour vérifier la profondeur et la densité de semis, gages de réussite de l’opération.

                                               

Dans les deux descriptions ci-dessus, l’idée est d’implanter la légumineuse en même temps que le désherbage mécanique des céréales en Mars.

Par entreprise ou Cuma avec du matériel plus spécifique comme des semoirs à disques

                                                 

 

Conclusion
La systématisation de l’association graminée légumineuse est un levier de stabilité économique. Le sursemis de printemps est une technique efficace mais très liée à la météo et aux conditions agronomiques qui ne sont pas toujours au rendez-vous. En respectant la tendance de vos sols qui sont soit plutôt d’automne ou plutôt de printemps, vous vous éviterez des déconvenues. Privilégiez les semis en association d’automne pour les terres les plus fragiles à la sortie de l’hiver.

Bibliographies : Unité de Recherche Leva USC 1432 (ESA, INRA) Nathalie Cassagne et Joëlle Fustec/Photographies : terre net web TV

 

Article rédigé par Samuel Oheix (Gab 85)