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2023 restera dans les annales des années compliquées au niveau de la gestion des maladies cryptogamiques (Mildiou, Black Rot et Oïdium suivant les vignobles), cet article n’a pas pour but de refaire la genèse des bonnes pratiques de prophylaxies, des produits disponibles et de leurs utilisations, mais de revenir sur un point fondamental, mais souvent négligé, de la protection phytosanitaire : la qualité de pulvérisation !
En effet, cette année, comme d’autres auparavant ne laissez passer aucune « erreur » !
En début d’année, nombre de vignerons, mais aussi de technicien(e)s – animateur/animatrices, sont restés focalisés sur l’année précédente (canicule, sécheresse, pression maladie faible voire nulle suivant les vignobles) et cela a pu engendrer une mauvaise gestion des priorités, qui ont pu être dommageables pour certains vigneron(e)s
La pédagogie étant l’art de la répétition, quelques rappels :
Très souvent quand la gestion de la maladie devient trop difficile, de nombreuses problématiques sont évoquées : choix du produit, dose de matière active, date de traitement, passage un rang sur X ou bien tous les rangs, etc.
Cependant, la qualité de pulvérisation est très régulièrement occultée, consciemment ou non.
RAPPEL : La qualité de pulvérisation, c’est la façon dont la bouillie de traitement va se déposer sur les différents organes à protéger ainsi que la régularité de cette répartition (taille des gouttes et espaces entre les gouttes).
Autre point important, la qualité de pulvérisation, doit s’observer aussi bien sur la face supérieure de la feuille, que sur sa face inférieure (souvent négligée). Par exemple, la pénétration du mildiou dans la plante se fait par les stomates, qui sont situés sur la face inférieure ! C’est la même problématique avec les traitements au Pyrèthres contre la cicadelle de la Flavescence dorée : la larve passe l’essentiel de sa vie sur la face inférieure des feuilles….
Les vigneron(e)s, comme beaucoup d’agriculteurs, sont très occupés et souvent le temps à passer sur cette tâche et considéré comme une perte de temps, voire un coût et non pour ce qu’il devrait être : un investissement. 4h de travail, c’est du temps, de l’argent aussi, mais mis en perspective d’une perte de récolte totale ou partielle, c’est un investissement de très bon rapport qualité/prix !
Quel que soit le type de pulvérisateur, la vérification du travail réalisé est primordiale !!!
Suivant la saison, les moyens disponibles sur le domaine ou à proximité, il y a deux méthodes principales :
Sur des bancs d’essais : Ce sont des « vignes » artificielles, reproduisant plus ou moins fidèlement la situation des vignerons.
Sur des vignes en place : c’est l’idéal, il est conseillé d’attendre au moins les premiers relevages, avant c’est peu significatif, en milieu de saison c’est bien, mais des années comme 2023, cela peut être un peu tard. L’optimum serait de le faire à 2 moments dans la saison. S’il y a différents écartements de vignes (étroites et larges), des vignes avec des vigueurs différentes (différences marquées), cela peut être un plus de faire plusieurs tests avec ces différents paramètres pour avoir les meilleurs réglages pour chaque situation et/ou trouver un réglage satisfaisant quelques soit la parcelle du domaine.
On peut distinguer 4 types de méthodes/produits utilisable pour vérifier le pulvérisateur, chacune ayant ces avantages et ces défauts :
Les papiers Hydro sensibles : une technique ancienne, mais qui a fait ces preuves, il s’agit de bandelettes de papiers dont une face contient un réactif qui change de couleur au contact de l’eau. Il faut l’agrafer sur les parties herbacées de la vigne, de 3 à 5 étages par face et sur chaque face d’un rang (avec une répétition sur le nombre de rang censé être traité en un passage), suivant la vigueur et le stade la vigne ; il faut les manipuler avec des gants et noter derrière les papiers leurs positions (quel rang par rapport au pulvérisateur, la position dans le feuillage, la face supérieure ou inférieure) cela permet ensuite de savoir à quel niveau on doit régler/modifier les réglages du pulvérisateur.
Le Compo Bleu & les planche en PVC : Technique développée en Gironde par Jean Baptiste MEYRIGNAC, ingénieur réseau DEPHY et un groupe de Vigneron(e)s. A l’aide de planches/rives en PVC blanc, le colorant pulvérisé vient se déposer sur le PVC, et il est possible d’observer la répartition et la taille des gouttes.
L’argile Kaolinite Calcinée à forte concentration : Technique développée en arboriculture au départ et reprise en vignes par différentes structures. C’est l’argile, une fois sèche, qui donne un aspect visuel blanc.
La fluorescéine : Certainement la technique qui est la plus efficace et surtout très pédagogique, on peut traiter une surface plus importante sans avoir de placettes à mettre en œuvre ; on observe directement en parcourant les vignes avec une lampe à lumière noire (U.V).
Je n’ai pas besoin de régler mon pulvérisateur, il est neuf ! FAUX : Bien au contraire, c’est sur les nouveaux pulvérisateurs qu’il faut être le plus attentif aux réglages. A savoir, un constructeur de nombreuses obligations à respecter (pour la route, la sécurité, la conformité, etc.) mais aucune obligation de résultats, donc même s’il marche bien, rien de garantit que la répartition de la bouillie est correcte !
Je n’ai pas besoin de vérifier la qualité de pulvérisation, j’ai mon certificat de « Contrôle pulvérisateur » ! FAUX : C’est une mauvaise analogie avec le contrôle technique des voitures, là aussi on contrôle presque tout (sécurité, conformité, débits, …) sauf la qualité de pulvérisation !!!
Le plus courant étant : Mon pulvérisateur il traite bien, je le vois !!! Ce qui est également FAUX ! Voir des feuilles bouger et des gouttelettes dans l’air ne garantit en aucun cas une bonne répartition de la bouillie sur la plante !
Rédacteur : Eric Maille, Technicien Viticole AgroBio Périgord Référent FNAB-ITAB Viticulture
Relecture : Inès Plumecocq, FNAB
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