Campagne 2020 : synthèse sous le signe de l’hétérogénéité

Publié le : 21 décembre 2020

Le réseau FNAB accompagne techniquement de plus en plus de producteur-trices en Grandes Cultures à l’échelle nationale au travers de dispositifs collectifs et individuels. Dans le cadre de la commission « Grandes Cultures FNAB », la parole est donnée à chacune des régions afin de valoriser une expertise terrain issue de données qualitatives et quantitatives collectées par les équipes salariées et par les producteur-trices référent-es. Vous trouverez des premiers éléments d’analyse de cette campagne 2020 dans cette photographie.  

 

Année moyenne en cultures d’Automne
Cette campagne 2020 est symbolisée par des conditions de semi désastreuses obligeant les producteur-trices à réduire leur assolement et étudier un éventuel report sur les semis de printemps. En termes d’état sanitaire, nous avons observé peu de maladies globalement sur céréales à paille (un peu de virose) contrairement aux légumineuses qui affichent des attaques d’anthracnose et une forte pression de pucerons tout l’hiver et au printemps impactant les pois protéagineux en pur mais également semés en mélange. Des foyers de botrytis ont été signalés sur féverole dus aux conditions humides et chaudes du printemps et quelques dégâts de larves de sitones. Le stress thermique a impacté fortement les rendements des lentilles avec cette succession d’épisodes de froid, de gel et de vent de nord-est. En parallèle, les cultures de légumes de plein champ et de betteraves sucrières ont elles aussi été impactées par de très fortes pressions de pucerons. A l’échelle du système, certaines régions ont souligné peu d’effet des itinéraires techniques, inversement à d’autres territoires où la nature du sol a beaucoup joué sur ces cultures et les « bonnes terres » profondes ont offertes de meilleurs rendements. Si nous devions résumer cette photographie, nous pourrions avancer une situation très hétérogène à l’échelle nationale marquée par une grosse pression maladies et ravageurs sur les légumineuses et arborant des rendements représentatifs d’une année moyenne, -10% en céréales et -20% en protéagineux.


Rattrapage par les Cultures de printemps

Dans un contexte où beaucoup de fermes ont augmenté leurs surfaces en semi de printemps, le constat demeure mitigé en subissant un hiver doux, une carence de pluviométrie et très forts épisodes de chaleur, conditions propices aux insectes et ravageurs. Sur l’état sanitaire des cultures, on notera des foyers de viroses transmises par les pucerons sur céréales, et des attaques de pucerons et sitones en légumineuses semées dans le sec. Le Maïs et le Tournesol ont été épargnés par les ravageurs et maladies en règle générale. Les cultures bio ont été implantées plus tard que les conventionnelles et n’ont reçu presque pas eu d’eau et une grande partie des cultures a été sauvée par l’irrigation. Pour les parcelles non irriguées et du fait des fortes chaleurs et d’aucune pluie en Juillet sur certaines zones, nous avons identifié de nombreux cas « d’échaudage » en légumineuses. Dans l’attente de résultats plus précis des récoltes, le sec et le vent de Juillet ont eu raison des rendements déjà fortement impactés et assez mauvais globalement annexés d’une qualité hétérogène. On notera beaucoup de mises en place de Millet dans les assolements et des implantations de lentilles à l’automne au lieu du printemps. Le marché pourra t’il absorber et valoriser les volumes conséquent de millet ?


Echo des Marchés, entre incertitude et optimisme

Au coeur des discussions et à quelques mois de dernières récoltes de cultures de printemps (ex : soja…), les producteur-trices adhérent-es au réseau FNAB se questionne sur l’état actuel de l’offre et de la demande à l’échelle nationale et ses impacts à l’échelle d’une ferme. Espèce majeure de l’assolement Bio, le marché du Blé tendre présente un niveau stable par rapport à 2019, tant de la part de la meunerie que des fabricants d’aliments (+1%/2019). On notera tout de même une forte baisse du niveau des importations (-26%).
Concernant les céréales dites « secondaires », d’autres observatoires nationaux confirment une nette chute de la collecte en Triticale (-34%), en Avoine (-32%) et en Orge (-15%). Les indicateurs du marché de l’alimentation animale affichent un constat contrasté entre une baisse de la demande totale des utilisations de 10% en orge, une stabilité des utilisations totales en Triticale (+1%). Seconde espèce majeure de l’assolement Bio, le marché du Maïs est symbolisé par une hausse des utilisations de 9 points (dont +11% par le secteur de FAB) dans un contexte où la production affiche des statistiques supérieurs aux prévisions avec un niveau de C2 identique à 2019.  Notre regard se pose sur le marché de la Féverole et des Pois. Pour la première espèce, la demande est en nette recul de 25% par rapport à 2019.  Ce constat est également observé en pois avec une chute de 17% des utilisations. Ce constat est principalement la composante d’un tassement de la demande d’ateliers poules pondeuses et volailles de chair. Interpellé par le terrain et en charge d’obtenir et diffuser des éléments de réponses, nous nous questionnons également sur les impacts directs (ex : prix, assolement, offre variétale, autonomie des élevages…) sur l’avenir des ces deux protéagineux dans le cadre du plan de relance et plus particulièrement au travers du déploiement de la « stratégie Protéines Végétales » votée par le gouvernement.  Les acteurs de l’alimentation animale nous alertaient et ce dès 2019 sur une probable baisse de l’utilisation de pois et de féveroles allaient suite à certaines évolutions réglementaires comme le 100% bio en alimentation animale par exemple.  Nous resterons attentifs à l’orientation de cette stratégie Protéines végétales et défendront les intérêts du réseau lors des prochaines débats institutionnels et interprofessionnels.


Revoir sa stratégie, premiers enseignements

Dans ce contexte et après une analyse plus fine de cette campagne 2020, les producteur-trices du réseau FNAB souhaitent réimplanter des céréales d’hiver tout en réalisant ou renouvelant des tests sur des blés de printemps. D’autres producteur-trices se posent la question de faire moins de cultures de printemps en raison d’épisodes de sécheresse que l’on connait depuis ces deux dernières saisons. Cette évolution incitera les producteur-trices à repenser leur système dans sa globalité et plus particulièrement la part des cultures de printemps dans leur assolement. Le soja sera-t-il privilégié dans les futurs assolements du fait de la forte demande du marché et de sa forte valorisation économique quand d’autres se positionnent sur le colza, le blé meunier et l’orge brassicole ?

                                                                                                            article rédigé par Sébastien Bonduau (FNAB)