Construire des Filières de territoire, zoom sur le collectif « De la terre à la Bière »

Publié le : 21 décembre 2020

Dans le cadre de l’accompagnement du réseau FNAB au développement de filières de territoire en Grandes Cultures, un guide FNAB a permis d’identifier, de capitaliser et valoriser douze d’expériences à l’échelle nationale. Nous vous invitions à découvrir une de ces filières locales « De la Terre à la Bière ».

Naissance d’un collectif, accompagné par le réseau
L’association « De la Terre à la Bière » œuvre pour le développement et la structuration d’une filière brassicole biologique bretonne, de la parcelle jusqu’au verre. Elle a pour objet la concertation des acteur-rices de la filière brassicole adhérent-es en vue de produire et d’approvisionner de manière cohérente les marchés de l’alimentation humaine en céréales biologiques ou en produits issus de céréales biologiques ; la pérennisation de la production de céréales biologiques en Bretagne ; la mise en place et la promotion d’une filière locale et solidaire pour les produits céréaliers biologiques ; la mise en place et la promotion d’une malterie locale. « De la Terre à la Bière » est une association interprofessionnelle qui s’est créée autour de producteur-rices biologiques breton-nes soucieux-ses de diversifier leurs productions et de développer des filières locales. Ces producteur-rices se sont organisé-es pour répondre à la demande de plusieurs brasseries artisanales locales d’être approvisionnées en orge brassicole biologique « Made in Breizh ».

Après plusieurs essais de production et de transformation, ainsi qu’un travail de concertation entre tous-tes les acteur-rices de la future filière (coûts de production, qualité…), réalisés avec l’appui du réseau GAB-FRAB, les premières bières à base d’orge biologique bretonne ont été brassées au printemps 2006, date de création officielle de l’association. L’association anime désormais une filière brassicole 100 % bretonne et 100 % biologique.

Après plusieurs essais de production et de transformation, ainsi qu’un travail de concertation entre tous-tes les acteur-rices de la future filière (coûts de production, qualité…), réalisés avec l’appui du réseau GAB-FRAB, les premières bières à base d’orge biologique bretonne ont été brassées au printemps 2006, date de création officielle de l’association. L’association anime désormais une filière brassicole 100 % bretonne et 100 % biologique.

Schéma organisationnel du collectif
A ce jour, la filière dénombre une vingtaine de brasseries adhérentes ainsi que deux malteries (Yeched Malt, Malterie de Bretagne) et un distillateur. Chaque acteur-rice est responsable d’un ou plusieurs maillons de la filière : production, récolte, collecte, mise aux normes, stockage, maltage, brassage, commercialisation. Le rôle de l’association est de s’assurer du bon fonctionnement et de la fluidité de l’ensemble de ces étapes, en définissant clairement les rôles et responsabilités de chacun-e. Un cahier des charges a ainsi été mis en place pour la partie production / récolte / collecte. La définition d’un nouveau cahier des charges sur la partie aval (stockage / maltage) est en cours, suite à l’implantation de malteries en région. Ce travail est réalisé en partenariat avec les différents métiers engagés dans le collectif. Chaque brasserie, distillerie, malterie annonce un volume donné de besoins en malt en fin d’année. Ces volumes annoncés servent à planifier les surfaces mises en culture au printemps suivant. Une contractualisation est ensuite réalisée en direct entre producteur-rices et collecteurs, puis collecteurs et brasseurs ou collecteurs et malteurs. La filière est aussi solidaire puisque les coûts de production et de transformation (notamment maltage) sont discutés collectivement.

Premiers bilans, intérêts et points de vigilance
D’un point de vue environnemental, ce projet a permis de développer les surfaces biologiques en région, proposer une opportunité de diversification des assolements des producteur-rices biologiques à l’échelle régionale à l’aide d’une céréale de printemps qui permet de maintenir les sols couverts durant l’hiver (limitation du lessivage d’azote et de l’érosion des sols).
D’un point de vue social et économique, il a permis de créer du lien entre les maillons d’une chaîne de production, en permettant à des producteur-rices bio, néo-houblonniers bio, brasseurs artisanaux, néo-malteurs, collecteurs de céréales bio… de co-construire une filière exemplaire et d’échanger sur leurs contraintes et leurs forces. Cette démarche collective a permis de relocaliser l’ensemble de la filière, année après année.
Néanmoins, il demeure important de souligner quelques points de vigilance à avoir. « De la Terre à la Bière » permet à un certain nombre d’entreprises d’un même secteur économique de collaborer et chercher une complémentarité (production, mise aux normes, transformation, etc.). Il faut veiller à bien rester dans cette démarche de compréhension mutuelle tout au long du développement de la filière, en étant vigilant aux comportements éventuellement plus individualistes, côté amont comme aval.

Didier Le Hec Éleveur bio à Brandivy (56) et président du collège « producteurs »
« Aujourd’hui, le bilan de la démarche est très positif. En tant que producteur•rice, cela nous apporte une visibilité sur le produit final issu de notre travail, sur les différentes étapes de la filière. Certes il n’y a pas de vente directe, mais une vision sur l’ensemble de la chaîne de production qui est très importante : on découvre la gestion collective des problèmes, les discussions sur les coûts de chacun, et comment les choses sont formalisées… ça demande un engagement fort, mais ça offre un lien au produit fini et une reconnaissance. »

Arnaud Huchet, Directeur d’exploitation de la Brasserie de Bretagne (29) et président du collège brasseurs de l’association
« Participer au développement d’une filière biologique locale, c’est donner du sens à nos activités en fédérant des acteurs et des actrices de toutes tailles autour de valeurs communes, basées sur le respect de la Terre et des Hommes ».

Téléchargez et consultez le Recueil de filières de territoires – Grandes Cultures

article rédigé par Goulven Maréchal (Frab Bretagne)