Attache des bovins : état des débats et pratiques au niveau européen

Publié le : 21 mai 2016

Les systèmes bovins dits « à l’attache » sont un sujet de débat ancien au sein des mouvements bio européens. Dès 2000 et la première réglementation européenne de l’élevage bio, l’attache est interdite sauf dérogation dans un objectif de respect du bien-être animal. Quelles sont les différentes approches de ce sujet et les possibilités d’évolution en termes réglementaires ? Comment s’applique la dérogation à l’attache pour les petites fermes ? Zoom sur les pratiques européennes.

 

 

L’attache : mauvaise pour le bien-être animal ?

Les éleveurs français à l’attache s’inscrivent en faux contre l’idée que l’attache est en soi problématique pour le bien-être des vaches. Pour eux – et pour la FNAB – il s’agit du mode d’élevage le mieux adapté aux réalités de l’élevage en zone de montagne : gestion des animaux, des températures en période hivernale, économie de paille, conservation des cornes… Si certains systèmes d’attache sont effectivement problématiques (animaux incapables de se mouvoir ou de se coucher confortablement, tête contre le mur, place insuffisante…), d’autres ne portent pas atteinte au bien-être des animaux.

Les organisations bio françaises ont donc essayé depuis lors de faire modifier la logique du texte, pour passer d’une interdiction de l’attache avec dérogation à une autorisation sous conditions (type d’attache, accès à l’extérieur, taille des stalles…), sans succès. Les pays ayant encore un nombre significatif de fermes à l’attache sont en effet peu nombreux dans l’UE : France, Allemagne, Autriche, Pologne, Suède (et Norvège hors UE). De plus, les organisations de protection du bien-être animal poussent pour son interdiction.

 

Des applications très diverses dans l’UE

Après la disparition en 2013 de la dérogation permettant l’attache en période hivernale dans les anciens bâtiments, ne reste plus que la possibilité d’attacher (toujours en période hivernale) dans les petites fermes, cette notion n’étant pas définie par le règlement. Tour d’horizon des « petites fermes » européennes :

PAYS

DÉFINITION DE « PETITE FERME »

COMMENTAIRES

Danemark 70 animaux, suite comprise Au Danemark, la définition adoptée correspond réellement à de petites fermes au regard de la taille moyenne des exploitations. L’attache sera complètement interdite par la réglementation nationale générale à partir de juillet 2021
France Pas de définition L’accès à l’extérieur est strictement vérifié.
Autriche 35 UGB, suite comprise Vaches laitières et allaitantes
Angleterre 20 femelles reproductrices (suite non comprise) Les animaux doivent avoir un accès journalier au pâturage ou à une aire d’exercice extérieure.
Suède 45 vaches, suite non comprise La moyenne des fermes laitières suédoises est de 70 vaches
Norvège 34 vaches, suite non comprise
Pays-Bas 50 UGB, suite comprise
Italie 30 UGB, suite comprise
Espagne Moins de 21 000 € de CA par an En Catalogne, c’est 60 UGB adulte pour la viande, 30 UGB adulte pour la production laitière
Allemagne Variable selon les Länder.
Malte Pas de définition
Suisse Pas de définition Description très précise des conditions d’attache : type d’attache, nombre de jours à l’extérieur sur la période, etc.

La Suisse est le seul pays a avoir développé des règles plus détaillées concernant les systèmes à l’attache : définition des modes d’attache compatibles, nombre de jours à l’extérieur sur la période d’attache, surveillance du bien-être, etc. Mais il ne s’agit pas d’un État membre et le pays n’est pas soumis au règlement européen de la bio.

 

Un futur texte sans changement de logique

Dans le cadre de la révision du règlement européen de la bio, l’attache est à nouveau discutée. Le Conseil et le Parlement ont gardé la logique actuelle, à savoir l’interdiction de l’attache, avec une dérogation pour les petites fermes. À ce jour, il est certain que le règlement n’évoluera pas vers une autre approche, dans un futur proche tout du moins. La position très isolée des bio français et le lobbying très puissant des associations de protection animale n’ont pas laissé de place à une autre vision.

Pour la mise en œuvre, le Conseil propose de définir les petites fermes comme celles ayant 50 UGB au plus suite non comprise. Le Parlement souhaiterait quant à lui se référer aux micro-entreprises, notion qui a peu de sens dans le monde agricole. Bien qu’elle pose problème aux éleveurs français, l’obligation de sortie deux fois par semaine sans tenir compte des conditions pédoclimatiques, n’a été modifiée ni par le Conseil ni par le Parlement.