État des lieux des fermes ovins lait bio en Aveyron

Publié le : 5 juin 2017

En 2015-2016, l’Association pour la Promotion de l’Agriculture Biologique en Aveyron (APABA) a entrepris une étude auprès d’une trentaine d’élevages ovins lait représentatifs des systèmes de production du département afin de mieux comprendre leur fonctionnement.

© Agence Bio

La moitié du cheptel ovin lait bio national en Aveyron

Avec 41 160 brebis certifiées AB en 2016, l’Aveyron détient plus de la moitié du cheptel ovin lait national. Essentiellement structurée autour de la filière Roquefort, la production s’ouvre depuis quelques années à de nouveaux débouchés très dynamiques (Ultra frais, fromages…). Cette croissance favorise la conversion de nouvelles fermes en agriculture biologique.

Des fermes aux profils variés

Des montagnes acides du Lévezou aux plateaux calcaires des Grands Causses, les exploitations ovins lait se concentrent sur une grande moitié Sud du département. Ce territoire très contrasté a permis l’essor d’une grande diversité de fermes et de pratiques d’élevage. La taille des structures fluctue de 15 à 53 ha/UMO hors parcours (de 25 à plus de 600 ha/ferme parcours inclus) avec de 10 à 100 % de surfaces labourables. La taille des troupeaux varie également de 80 à 230 brebis/UMO (de 130 à plus de 1000 brebis/ferme) pour un taux de chargement variant de 0.65 à 2.2 UGB/ha de SFP.

Des systèmes d’alimentation homogènes et des fermes peu autonomes

Les exigences du cahier des charges de la filière Roquefort AB ont fortement homogénéisé les systèmes d’alimentation. Ainsi, plus de la moitié des fermes produisent du foin au sol et ont recours systématiquement à l’achat de luzerne déshydratée ou de foin de Crau en début de lactation. Un tiers sont équipées d’une installation de séchage en grange. Les autres alimentent le troupeau exclusivement à base de foin au sol. Près de deux tiers des fermes ne sont pas autonomes en fourrages et presque aucune ne l’est en céréales (40 % achètent plus de la moitié de leurs besoins). Le pâturage est pratiqué de manière plus ou moins importante et soutenue selon les fermes mais reste limité dans l’ensemble.

Des volumes de production très variables

A l’image des structures, les orientations de production laitière sont très variables d’une ferme à l’autre. Le niveau de production laitière moyen des brebis varie de 130 à 328 litres/brebis/an d’une ferme à l’autre, avec une moyenne de 232 litres. Une grande partie des fermes débutent la traite en février-mars tandis que cela s’étale d’octobre à décembre pour les autres afin de répondre aux besoins des laiteries. Certains éleveurs conduisent deux agnelages distincts de manière à rallonger la période de production. On observe ainsi des durées de livraison variables de 170 à 258 jours/an. Le volume de production annuel des fermes s’étend de 17 000 à 57 000 litres/UMO/an (soit de 24 000 à 236 000 litres/ferme/an).

Des pratiques techniques hétérogènes

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Malgré des pratiques d’affouragement assez similaires, les résultats techniques des fermes sont très hétérogènes. A niveau de production laitière équivalent, les quantités de concentrés distribuées annuellement par brebis peuvent varier du simple au double selon les fermes. Plus largement, on observe des niveaux de distribution de concentrés variable de 286 à 1 426 g/litre de lait, avec une moyenne de 916 g/litre. L’achat d’aliments concentrés constitue le deuxième poste de charge le plus important dans la composition du coût de production (13 % du coût de production) derrière les frais de mécanisation (23 % du coût de production en moyenne). L’étude du coût « nourri logé » (charges de surface + charges d’aliments + charges de mécanisation + charges de bâtiment) des différents ateliers ovins lait montre également une grande variabilité, avec des fluctuations de 845 à 1893 €/1000 litres.

Des fermes gourmandes en main d’œuvre

Malgré les possibilités d’aménagement pour améliorer les conditions de travail, l’élevage ovin lait est très gourmand en main d’œuvre. Le nombre d’heures de travail annuel (en incluant le travail d’astreinte, le travail saisonnier et le travail administratif) varie selon les fermes étudiées de 1 400 à 2 900 h de travail/UMO/an pour une moyenne de 2 250 h/an. La charge de travail d’astreinte sur les fermes semble assez peu compressible et fortement corrélée au volume de production laitière et à l’effectif de brebis/UMO.

Des résultats économiques contrastés

Malgré un prix du lait attractif (1,28 €/litre en moyenne), de nombreuses fermes montrent un état de santé financier fragile. Près de 40 % des fermes suivies ont un niveau d’endettement élevé en lien avec les nombreux investissements réalisés pour améliorer l’ergonomie du travail. Ce critère est accentué sur la zone Grands Causses, fortement sensible aux aides de la PAC.

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Ces données ont permis à l’APABA de mieux comprendre la diversité des conduites d’élevage ovin bio présentes en Aveyron et d’en appréhender les fragilités. Cette étude fournit ainsi des éléments de réflexion aux éleveurs pour trouver des pistes d’amélioration de leurs performances technico-économiques et à l’APABA pour mieux les accompagner dans leurs prises de décisions au quotidien.

Article rédigé par Maxime Vial (APABA)