La filière PPAM bio

Avec des conversions massives en 2015 et 2016 et l’arrivée importante de volumes en bio sur les marchés, la filière PPAM participe, elle aussi, au changement d’échelle de l’agriculture biologique.

Les producteurs de PPAM bio respectent le cahier des charges des productions végétales biologiques (production et commercialisation).

 

Fin 2015, plus de 5900 ha de PPAM étaient cultivés sous label bio en France d’après l’Agence Bio. Cela représente 15.3% des surfaces totales de PPAM en France, réparties sur 2066 exploitations. Jamais il n’y a donc autant eu de parcelles et de fermes en PPAM bio dans notre pays ! Et jamais il n’y a autant eu de conversions !

Alors que les conversions diminuaient d’année en année depuis 2011, cette tendance a été inversée en 2015. L’an dernier, ce sont ainsi 704 nouveaux hectares qui sont entrés en première année de conversion, soit une augmentation de 307% par rapport à 2014. Depuis 2007, la surface en PPAM bio a été multipliée par deux et le nombre d’exploitations par 2,7.

La filière PPAM n’échappe donc pas aux fortes dynamiques de conversion actuellement observées en bio.

Une production essentiellement concentrée dans le quart sud-est…

Trois régions concentrent 80% de la production française : PACA (1902 ha), Auvergne Rhône-Alpes (1794 ha) et l’Occitanie (991 ha). En région PACA, il s’agit essentiellement d’exploitations orientées vers la culture de la lavande et du lavandin, productions fortement mécanisées sur des surfaces généralement importantes. A l’inverse en Auvergne-Rhône-Alpes, les productions sont généralement beaucoup plus diversifiées et concentrées sur de petites surfaces par exploitation. La gestion du temps de travail et de la main d’œuvre limite dans ce cas le potentiel de surfaces à cultiver. On notera également les surfaces non négligeables en Corse (212 ha) avec essentiellement la production d’hélichryse et de romarin à verbénone et également plus de 230 ha en Pays de la Loire. Au-delà de ces quelques régions dans lesquelles se concentre l’essentiel des surfaces, on remarque des dynamiques positives de conversion dans pratiquement toutes les régions.

Et en Europe ?

En 2018, ce sont près de 98 500 ha de PPAM qui sont cultivés en bio dans l’Union Européenne, dont 9% en France, derrière la Pologne (29% des surfaces de l’UE), la Bulgarie (21%) et l’Espagne (11%).

La culture française de PPAM en agriculture biologique est très rependue : en 2018 ce sont près de 21,1% des surfaces françaises de PPAM qui sont cultivées en bio, donc bien au-dessus des 7,5 % de la SAU française totale conduite en bio.

Pour plus de détails, les chiffres 2019 de l’Agence Bio sur la bio dans l’Union Européenne.

Des surfaces dominées par la lavande et le lavandin

La lavande et le lavandin sont les plantes les plus produites en bio avec plus de 60% des surfaces, essentiellement réparties en région PACA et Auvergne-Rhône-Alpes. La demande étant toujours soutenue sur les marchés, les prix sont relativement élevés et attractifs pour les agriculteurs des zones de production concernées par rapport à leurs autres cultures potentielles (blé dur ou blé tendre par exemple). On note tout de même un intérêt croissant des lavandiculteurs pour une diversification de leurs productions étant donné les problèmes de dépérissement et leur volonté de ne pas miser sur un seul produit.

La sauge sclarée est la deuxième plante la plus cultivée en bio (148 ha en 2015), portée par un bon marché actuel. Enfin, le thym bio occupait plus de 130 ha en 2015, avec notamment le développement de surfaces en Languedoc Roussillon.

Même si les surfaces et les volumes sont difficiles à estimer, la cueillette est également pratiquée par de nombreuses exploitations, essentiellement dans les massifs et représente une réelle activité économique.

Une demande croissante en PPAM bio et leurs produits dérivés

Les PPAM sont des produits qui doivent subir des transformations, les plantes fraîches en bio ne se vendent que de façon marginale.

La demande en PPAM bio et de ses produits dérivés est supérieure à l’offre en France quel que soit le secteur (herboristerie, laboratoire pharmaceutique,…). La demande est croissante en ce qui concerne le thym pour l’herboristerie et les huiles essentielles chemotypées (précision apportée à l’huile essentielle permettant de définir la ou les molécules biochimiquement actives et majoritaires.).

Le marché est toujours en demande d’huiles essentielles biologiques de lavande, ce qui se ressent avec des prix avantageux pour celles-ci. La demande de marché est aussi favorable pour l’huile essentielle de sauge officinale et sclarée, néanmoins les surfaces produites diminuent peu à peu chaque année.

Concernant les plantes médicinales, le développement est limité dû aux nombreuses contraintes perçues par les agriculteurs sur l’itinéraire de production où les réglementations sont très fortes sur l’origine du matériel végétal, le traitement phytosanitaire et la fertilisation.

Les secteurs de la cosmétique et de l’industrie alimentaire (origan, thym, basilic, romarin) bio ont vu eux aussi depuis ces dernières années une augmentation de la demande.

Les prix sont stables ou ont très légèrement augmenté au 1er janvier 2015. De manière générale, les huiles essentielles sont des produits très sensibles à la spéculation de marché.

Une filière structurée

La filière de PPAM bio est en pleine expansion. Outre les nombreux opérateurs de vente et la part croissante dans ces derniers des coopératives, on dénombre actuellement 26 groupes économiques de producteurs de PPAM biologique sur le territoire français. Si les volumes et les surfaces continuent de progresser, il y a fort à parier que le regroupement et l’organisation de l’offre sera un moyen sécurisant d’assurer l’approvisionnement organisé d’une demande en pleine croissance. La constitution et le renforcement de structures économiques de commercialisation ou de coopératives est donc un des moyens de permettre, dans cette filière aussi, un changement d’échelle anticipé de la bio.