La filière légumes & maraichage bio

Avec 8% des surfaces nationales de légumes frais conduites en bio, la filière des légumes biologiques est en progression en France. En 2019, 22% des fermes bio produisent des légumes (10 559 fermes pour 30 568 hectares certifiés et 4 100 hectares en conversion). Les producteurs et maraîchers biologiques respectent un cahier des charges avec des obligations relatives aux productions végétales.

La filière légume bio se caractérise par :

  • des systèmes de production très divers : des légumiers (producteurs produisant du légume à grande échelle : > 0,5 ha /espèce, de façon fortement mécanisée) aux maraîchers diversifiés en passant par des céréaliers souhaitant diversifier leurs rotations
  • des dynamiques de développement différentes selon les territoires
  • des modes de commercialisation très variés au niveau des fermes : vente directe, vente en magasin spécialisé et circuits longs
  • des niveaux d’organisation très hétérogènes selon les territoires, avec dans les principaux bassins de production la présence d’organisations économiques de producteurs de fruits et légumes bio œuvrant à la structuration collective de l’amont

La production de légumes bio : une dynamique en progression constante

D’après les données de l’Agence Bio

La filière des légumes biologiques en France connaît une dynamique forte : entre 2014 et 2019 les surfaces conduites en bio en légumes (certifiées + conversion) ont presque doublé (+96%) ! Selon l’Agence Bio, on comptait en 2019, 10 559 fermes pour 30 568 hectares certifiés et 4 100 hectares en conversion. Cette dynamique s’explique principalement par des installations en maraichage. A noter toutefois l’arrivée de surfaces dans les exploitations céréalières qui se diversifient vers le légume plein champ.

 

Source : Agence Bio

Une grande diversité de modes de production

 

 

Il existe une grande diversité de légumes conduits en bio : des légumes racines (carottes, panais…) aux légumes feuilles (épinards, blettes, salades) ou encore les légumes fruits (tomates, courges…) ou fleurs (artichauts…). Certains sont conduits à la main et d’autres produits de manière plus mécanisée.

Tout comme cette diversité de produit, la filière des légumes bio est composée de structures de production et de commercialisation variées : permaculteur, maraicher diversifié en circuit court, maraicher spécialisé, légumier de plein champ ou céréalier diversifiant sa rotation, tous les formats existent. Chaque métier possède ses spécificités.

 

 

 

Des légumes bio partout en France

On produit des légumes frais bio dans toutes les régions, des Hauts de France jusqu’en Corse !  Avec 6 730 ha en 2019, la Bretagne est la première région de production : elle compte près de 20% des surfaces de légumes bio en France. Viennent ensuite la Nouvelle-Aquitaine (5 022 ha), l’Occitanie (3 707 ha) et les Hauts-de-France (3 232 ha). A noter qu’il y a plus de producteurs de légumes en Occitanie que dans les deux premières régions (2 102 contre 1 508 en Nouvelle-Aquitaine et 964 en Bretagne) : en moyenne, les surfaces par exploitation sont donc plus petites. Pour une présentation synthétique des chiffres par régions, cliquez ici.

Tous les chiffres par régions sur le site de l’Agence Bio

Et en Europe ?

En 2018, ce sont près de 236 000 ha de légumes frais qui ont été produits en bio (pommes de terre et fraises incluses), soit 7,2% des surfaces dédiées au légumes dans l’Union Européenne.
L’Italie est devenue le premier pays européen producteur de légumes biologiques, avec 62 618 ha soit, 27% des surfaces européennes. La France se classe en 3e position (29 820 ha), derrière la Pologne (32 438 ha). Les légumes frais font partie des produits les plus consommés dans l’Union Européenne.

Pour plus de détails, les chiffres 2019 de l’Agence Bio sur la bio dans l’Union Européenne.

 

Les enjeux techniques

La production de légumes en bio demande une grande technicité. Les enjeux diffèrent s’il s’agit de convertir une ferme déjà en place ou de s’installer maraicher bio. De même, les besoins techniques des producteurs sont variables selon le système de production car maraîchers et légumiers de plein champ ne vont pas « piloter » leur système de culture selon les mêmes objectifs et approches.

  • Pour les systèmes légumiers : une conduite à l’espèce est privilégiée. Ces producteurs investissent dans du matériel coûteux, de précision et commercialisent principalement via les circuits longs, avec des exigences de qualité et de calibre spécifiques. La prise de risque est concentrée sur 2 ou 3 cultures par an. L’accompagnement technique attendu est un conseil pointu et expert à l’espèce (ITK, variété et équipement adaptés, période clé d’intervention notamment de travail du sol et semis, …)
  • Pour les systèmes maraîchers diversifiés : une conduite globale de l’exploitation tenant compte de la multiplicité des productions et de la diversité des stades de développement sera privilégiée. Les maraîchers diversifiés à travers une gamme très large (de 30 à 50 espèces) majoritairement commercialisée en circuit court présentent un système basé sur la diversité et la complexité. Une conduite globale est privilégiée pour obtenir régulièrement une production diverse sans rupture ni surplus. Le risque est réparti sur l’ensemble des espèces et séries. Le temps de travail manuel est souvent important et l’organisation complexe. L’accompagnement technique attendu doit donc être plus global et systémique : démarche et outils d’aide à la planification et organisation du travail, appui pour la mise en œuvre d’ITK simplifié (matériel polyvalent, …), appui permettant de réfléchir ces opérations techniques à l’échelle de la rotation (fertilisation, choix des rotations, …). Cela n’empêche pas des besoins très pointus sur le choix des espèces et variétés notamment.

Le réseau FNAB a développé un accompagnement technique pour répondre au mieux à ces différents besoins. Cependant, ils sont en constante évolution en lien avec le contexte réglementaire et commercial, mais aussi en lien avec un apprentissage continu entre producteurs et conseillers pour développer une offre technique toujours plus experte et adaptée aux spécificités des légumes biologiques. En savoir plus

  • Les techniques de production en maraichage bio
  • Produire des légumes plein champ (lien interview Nadou)
  • Convertir sa ferme
  • S’installer en maraichage bio

Jean Paul Gabillard

Les enjeux de la filière légumes bio par Jean Paul Gabillard, maraicher bio et secrétaire national à la FNAB

Aujourd’hui il y a un enjeu fort sur notre filière d’éviter la spécialisation par bassin de production. Il faut travailler à la relocalisation des échanges commerciaux et éviter l’écueil de la spécialisation des territoires. Il est nécessaire d’avoir une diversité de productions et de commercialisation au sein de chaque ferme pour leur résilience et leur autonomie.

En production de légumes bio, le réseau FNAB doit faire le grand écart dans l’accompagnement de structures de taille très variées: permaculteur, producteur de légumes plein champ, conversion d’ateliers de maraichage de ferme en polyculture.. C’est un défi en soi de trouver la réponse appropriée pour chacun face à cette diversité ! Nous le relevons collectivement !

Un autre enjeu concerne le travail de structuration des filières bios. Il est indispensable que le producteur continue d avoir une maitrise des prix de ses produits, et quelque soit son circuit de distribution.. long ou court !

Bref, le mot d’ordre c’est la diversité !

Une diversité de débouchés et un marché en forte croissance

Le marché alimentaire bio a connu une expansion importante et continue ces cinq dernières années : depuis 2015, le chiffre d’affaires bio augmente de plus d’un milliard d’euros par an, pour s’établir en 2019 à 11,9 milliards d’euros. Après l’épicerie, les fruits et légumes sont les deuxièmes produits biologiques en termes de chiffres d’affaire (17%). Les fruits et légumes sont les produits bio les plus consommés, 56 % des Français en consommant régulièrement (Source : Agence Bio / Spirit Insight).

Le marché du frais

D’après une étude de l’Agence Bio et AND-International, le marché des fruits et légumes atteint la valeur de 1,9 milliards d’euros, pour un volume de l’ordre de 700 000 tonnes. En 2019, les ventes ont progressé de 10% en valeur et de 9,3% en volume. Le prix moyen pondéré se stabilise (-0,3%).

L’année 2020 a été une année particulière pour le marché des fruits et légumes bio. En raison du confinement du printemps, les achats de fruits et légumes se sont beaucoup développées au deuxième trimestre (+9,4% en volume, +17,8% en valeur, par rapport à 2019), avant de revenir au niveau de 2019 (voire légèrement en dessous) au troisième trimestre (Source : InterfelKantar WorldPanel). Le confinement a également eu un impact sur les circuits de distribution : les achats ont particulièrement progressé dans les enseignes de proximité et en vente directe à la ferme, ainsi que sur Internet. A l’inverse, la vente en marché, primeurs et supermarchés régresse.

 

A retenir

En 2019 : +9% en volume, +10% en valeur pour le marché des fruits et légumes bio

Les producteurs bios vendent leurs légumes par de nombreux débouchés : vente à la ferme, sur les marchés, en circuits longs. Afin de réguler au mieux la commercialisation des légumes de conservation, le réseau des professionnels de la filière ont mis en place des outils de concertation : bilan de campagne et notes de conjoncture sont disponibles 2 fois par an sur les pommes de terre biologiques (travaux menés par le CNIPT).

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